Par définition, la ripisylve est la végétation bordant les milieux aquatiques. Elle peut former un liseré étroit ou un corridor très large. Ce mot vient de “ripa” qui veut dire rive/berge et de “sylva” qui veut dire forêt, donc littéralement « forêt de berges ». Au-delà de 20 mètres de large, on parlera de forêts alluviales.
La ripisylve est indispensable au bon fonctionnement de la rivière.
1 - Corridor écologique / Intérêts biologiques
La ripisylve est un espace d’échanges, un trait d’union entre les milieux terrestres et le milieu aquatique. Par sa présence continue le long de la rivière, elle permet la connexion entre les différents habitats vitaux pour les espèces (sites de reproduction, de nourrissage, de repos, de migration…). Elle guide et permet la circulation de la faune dans une relative sécurité en offrant un effet corridor.
La ripisylve diversifie le milieu. Elle joue avec le soleil pour donner ombre ou lumière. Les embâcles provoquent le ralentissement du courant, mais créent aussi de petites chutes et des remous. La ripisylve offre à toute la faune des caches et des abris : arbres creux, sous-caves, embâcles… Elle représente une source d’alimentation - baies, débris végétaux, insectes tombant des arbres, etc.- et fournit des lieux de reproduction dans ses herbiers et racines…
2 - Effet filtre et épurateur ; la ripisylve filtre les apports du bassin versant :
La ripisylve favorise l’auto-épuration naturelle de la rivière :
L’ombre fournie par les arbres est un facteur important pour la faune et la flore. Plus une eau est fraîche, plus elle est oxygénée et donc favorable à la vie aquatique. L’ombrage limite également le développement de certaines algues envahissantes qui peuvent dégrader l’écosystème aquatique.
Les ripisylves et les haies contribuent notablement à la lutte contre la pollution des nappes superficielles et des cours d’eau : elles bloquent les particules fines lors des phénomènes d’érosion et de ruissellement, réduisant le colmatage du fond de la rivière, et absorbent par leur racines les nitrates, phosphores et certains métaux lourds.
C’est donc une espace tampon entre la zone de culture et le cours d’eau mais également un filtre longitudinal puisque la ripisylve fixe les éléments qui proviennent de l’amont tout au long de son parcours : particules fines, polluants mais aussi bois mort, flottants…
3 - Maintien des berges / lutte contre l’érosion :
Toutes les rivières évoluent et ont un tracé qui doit fluctuer naturellement : certaines berges sont érodées et reculent, d’autres reçoivent des alluvions et progressent. Si la végétation riveraine est absente ou non adaptée, le phénomène s’amplifie et de grandes quantités de limons sont entraînées vers l’aval.
La ripisylve participe à limiter l’érosion des berges et des sols par le système racinaire et par la présence de la végétation herbacées.
Toutes les essences ne sont pas stabilisatrices des berges : la forme et la résistance à l’engorgement du système racinaire sont très variables d’une espèce à l’autre, tout comme la taille du houppier.
L’Aulne a un enracinement profond et supportant bien l’engorgement. Il constitue donc une essence fortement stabilisatrice des berges.
Les Saules fixent rapidement le sol par des réseaux racinaires denses et étalés en surface. Le peuplier a en revanche un rapport entre la grande taille de son houppier et sa faible profondeur d’enracinement sur sol engorgé qui le rend sensible aux coups de vent. Il peut alors déstabiliser les berges.
4 - Prévention des inondations
Lors des crues, les végétaux font opposition au courant. Ils dissipent son énergie, réduisent donc sa vitesse en limitant l’érosion et la propagation des crues. Les embâcles sont des arbres et objets divers obstruant le lit de la rivière. Dans certains cas, ils favorisent aussi le ralentissement du courant et la prévention des inondations graves. En effet, les embâcles facilitent le fonctionnement des zones d’expansion qui sont des zones naturelles, prairies et friches inondées lors des crues. Ils permettent un étalement des eaux en crue et préservent ainsi les habitations et les infrastructures.
Il convient néanmoins de rappeler qu’un développement trop exubérant de la végétation buissonnante peut présenter des risques d’entrave de l’écoulement des eaux : l’entretien de la ripisylve reste donc nécessaire, notamment en bordure des cours d’eau de petite taille ou à proximité des ouvrages d’art (ponts).
5 - Intérêts économiques et sociétale des ripisylves
Le paysage : la bande boisée qui borde les cours d’eau est un élément structurant du paysage. Il lui donne son aspect pittoresque et caractéristique.
Economique : autrefois, le complément de revenus (chauffage, fourrage, manches d’outils, conduites d’eau imputrescibles, etc.) que pouvait procurer la forêt alluviale n’était pas négligeable.
Aujourd’hui il existe encore une valorisation de cette végétation possible : le bois de chauffage, le bois-énergie et les plaquettes forestières, la vannerie, et le bois raméal fragmenté (BRF) qui est un mélange issu du broyage de rameaux de bois, utilisé à des fins agricoles. Cette pratique innovante consiste à introduire le broyat dans la couche supérieure du sol pour recréer un humus “forestier” et améliorer son activité biologique.